Une lueur dans la nuit
9 juin 2011
L’idée première fut de passer la nuit au bord du lac de Van. Une histoire romantique sur fond de tablas en Ut majeur, une esplanade de verdure au bord de l’eau à regarder avec un peu de chance un de ces fameux chats nageurs passer le long des berges.
La vrai version ressemblait plutôt à un terrain vague en contre-bas de la nationale jonché de bouteilles brisées sans chat à l’horizon mais avec une stéréo d’aboiements toute la nuit.
Pas évident de trouver un coin idéal de nuit avec des phares qui éclairent peu. Pas de tente ce soir, nous dormons à trois dans le combi qui semble du coup beaucoup plus petit.
La nuit a porté conseil. Les pièces que nous avions commandées à Istanbul pour réparer le moteur ne sont malheureusement toujours pas arrivées. Elles étaient censées arriver ce matin mais ce sera pour après-demain.

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Van ne semble pas vraiment cacher de recoins féeriques, nous ne voulons pas attendre deux jours de plus dans cette ville et optons pour un départ commando avec en plat du jour, vérification de l’huile tous les 20 kilomètres.
Les pièces seront redirigées à Kayseri, ville située au centre de la Turquie (partie Asiatique)

350 kilomètres de route, beaucoup de montagne, de nombreuses sections en travaux, ca prend parfois des allures de tout terrain. La campagne que nous traversons est splendide, un vrai régal. Des montagnes à perte de vue. A la façon de Turner nous donnons à ces paysages un voile de brume, ça fume beaucoup côté machinerie, les segments ne doivent plus vraiment assurer l’étanchéité du moteur ce qui se ressent en montée.

Nous sommes en territoire Kurde, chaque halte nous fait rencontrer des personnes toutes plus adorables les unes que les autres. La Turquie a su non seulement déposer le brevet de la gentillesse et de l’hospitalité mais sait le mettre à jour. La version française est obsolète en comparaison. Nos mises à niveaux d’huile facilitent l’entrée en matière. C’est un plaisir de voyager en combi, une sorte de sésame bon enfant qui ouvre les portes de l’inconnu.

C’est à tour de rôle que chacun au droit à son tour dans le moteur. Un coup d’huile et ca repart.

Les kilomètres s’enchainent et ne se ressemblent pas. La nuit tombe juste après que nous ayons trouvé un superbe endroit pour camper. Petite terrasse d’herbe perchée sur une montagne, un village au loin, c’est parfait.
L’équipe s’installe, les sardines plongent dans le sol, la tente se monte, le barbecue crépite de joie et soudain alors que la nuit bien noir bat son plein, une lampe torche jaillie de nul part suivie d’une silhouette humaine.
Un homme la soixantaine, s’adresse à nous dans une langue que nous ne comprenons pas vraiment. C’est le chef du village il a vu de la lumière et vient vérifier qui vient rôder sur ses terres. Incognito il nous a prit de vif, sans que nous ayons entendu quoi que ce soit. Nous sommes en territoire Kurde.
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Il a un fusil en guise de canne et une ceinture de balle au niveau du nombril. Un sacré style. Molly qui parle turque le mieux de nous trois lui fait comprendre notre projet il saisit et apprécie. Sa mine sèche se tourne prend soudainement des allures de père de famille, nous recevons une invitation pour le lendemain matin à venir prendre le petit déjeuner chez lui. Il s’appelle Aga.
Bonne nuit


