De retour
18 avril 2011
Il fait bon retourner à Kaboul, cela faisait presque un an. Toujours cette lumière unique, son air frais du matin, sa poussière qui vous sèche les yeux et son rythme intemporel.

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Peu de choses ont changé dans la ville, si ce n’est cette course à la construction qui prend une dimension affolante. Beaucoup d’ immeubles champignons aux façades couvertes de miroirs poussent plus haut les uns que les autres. Les traditionnelles maisons en terres se font raser pour laisser place à ces bâtisses très kitchs et sans âme. Vite faites, elle ne tiendront pas dans le temps.

- Les constructions prennent de l’ampleur mais surtout une bonne partie de la rue
Nous logeons chez Hélène, une bonne amie qui travaille à Kaboul depuis 2007. Sa petite maison dans le quartier de Shar-e-now est très agréable. Un jardin verdoyant bucolique et sa cour dans laquelle nous pourrons y mettre le bus en font un endroit parfait. Hélène prévoit de faire un voyage semblable au notre un mois plus tard, la différence étant qu’elle le fera avec 4 chevaux et un ami. Mais l’organisation de ce voyage se fait non sans mal, les chevaux nécessitant tout un tas de paperasse relatif à leur passage dans chaque pays. Un dédale administratif sans queue ni tête qu’elle surmonte avec passion.
www.silk-road-back-home.com

- Le chapli-kebab un mélange de viande de coriandre, d’oignons et de chapelure.
Rien de tel qu’un bon chapli-kebab pour se mettre d’attaque. Ce plat préparé à base de viande hachée, de coriandre et d’oignon est frit dans une poêle géante et se mange avec une sauce au yaourt. C’est un régal, Diego confirme.
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Notre première mission est de trouver une camera obscura pour le voyage. Pas si simple car de nos jour plus personne ne s’en sert. Alors que j’avais compté 22 photographes en 2008 à Kaboul utilisant cet procédé, il en reste 2 aujourd’hui. Les appareils numériques ont pris la relève. Il va falloir user de nos connaissances et faire marcher le bouche à oreille pour en dénicher une et trouver les chimies nécessaires pour développer nos clichés. Tous le monde y passe, les amis, les gardes, les employés de restaurant, les chauffeurs de taxi. Nous lançons le message : Si tu as une camera obscura, montre toi !
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C’est ensuite vers la récupération du bus que nous nous orientons. Shakeeb, un très bon ami afghan, a la joie de le voir chaque jour dans son jardin depuis plus d’un an. Il habite dans le quartier de Lab-et-jar (la berge) avec ses parents, ses 5 frères, et 4 sœurs. Une famille adorable et très soudée. Shakeeb a passé un semestre en France pour y étudier le français qu’il maîtrise désormais très bien.
Moment intense, le bus se dévoile, après avoir passé 9 mois sous une bâche. Il est très poussiéreux. C’est une affaire de famille, tout le monde participe au nettoyage, les petits frères pompent l’eau du puit, le père arrose, nous frottons, ça chiffonne dans tous les sens. Quinze minutes suffisent à redonner au bus sa teinte d’origine et a transformer la court en marre.
Peut-il démarrer ?
Aurel prend place dans le bus et s’aperçoit que la batterie est vide en tournant le contact.
Tentons les pinces crocodiles. Sortant le bus dans la rue pour avoir plus de place, nous poussons le bus ce qui attire tout le voisinage.
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Pour plus d’efficacité, Aurel utilise une seringue qu’un des voisins lui passe pour injecter de l’essence directement dans le carburateur.
Les pinces connectées à la voiture de Shakeeb, le moteur s’emballe et cale. Tout le quartier se met alors à pousser le bus, le forçant à démarrer. Cinq mètres et le kombi démarre.
Direction, la station d’essence pour un premier plein sans couper le moteur (car nous ne pourrions pas redémarrer). Kombi est rassasié après neuf mois de jeune et peu digérer son repas dans notre cour ou nous l’avons entreposé afin d’effectuer des derniers réglages et de prendre la route.
